Jacques RABEMANANJARA
Né
à Maroantsertra, sur la côte orientale de Madagascar, Jacques Rabemananjara
fait ses études au séminaire. Installé à Antananarivo, il entre dans
l’administration et fonde la Revue des jeunes de Madagascar (en 1935-1936) dont
la publication est bientôt interdite par les autorités coloniales. En 1939, il
participe à Paris à la commémoration du 150e anniversaire de la Révolution
française. Alors que le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le
contraint à rester à Paris, il s’inscrit à la Sorbonne et obtient une licence
de lettres classiques. Il publie son premier recueil de poésie en France,
rencontre le futur président du Sénégal Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop,
le fondateur, en 1947, de la revue Présence africaine, à laquelle il collabore
toute sa vie.
En
1946, Jacques Rabemananjara participe à la création du Mouvement démocratique
pour la rénovation malgache (MDRM), dont il devient le secrétaire. Il est élu
député de Madagascar cette même année, mais, en 1947, après l’insurrection
malgache, il est suspecté d’en être l’un des instigateurs. Arrêté, torturé, il
est condamné aux travaux forcés. Emprisonné à Madagascar puis à Marseille, il
est amnistié en 1956, peu avant l’indépendance de l’île en 1960. Pendant sa
captivité, il écrit les recueils Ansta (1947), Lamba (1956) et Antidote
(1961), qui en font l’un des chantres de la négritude.
Il n’est autorisé à regagner
Madagascar qu’en 1960, à la veille de l’indépendance. Considéré comme un héros
de la résistance malgache, il est alors élu député, avant de devenir ministre
puis vice-président de la République. Après la révolution de 1972, il s’exile à
nouveau en France où il choisit de vivre jusqu’ à sa mort. Il ne retourne à
Madagascar qu’en 1992
Jacques
Rabemananjara est notamment l’auteur de plusieurs recueils de poésie (Sur
les marches du soir, 1942 ; les Ordalies, 1972 ; Rien qu’encens et filigrane,
1987), de pièces de théâtre (les Dieux malgaches, 1947 ; les
Boutriers de l’aurore, 1957 ; les Agapes des dieux, 1962), d'essais (Nationalisme
et problème malgache, 1958) et d’un pamphlet (Thrènes avant l’aurore, 1985).
Membre de l’Académie nationale des arts, des lettres et des sciences de
Madagascar, il a obtenu en 1988 le Grand Prix de la francophonie.
Œuvres principales:
Poèmes:
·
Sur les marches du
soir. Gap: Ophrys, 1940.
·
Rites millénaires. Paris: Seghers, 1955.
·
Antsa. Paris: Présence Africaine, 1956.
·
Lamba. Paris: Présence Africaine, 1956.
·
Antidote. Paris: Présence Africaine, 1961.
·
Les ordalies, sonnets d'outre-temps. Paris: Présence Africaine, 1972.
·
Oeuvres complètes,
poésie. Paris: Présence Africaine, 1978.
·
Thrènes d'avant
l'aurore: Madagascar. Paris: Présence
Africaine, 1985.
·
Rien qu'encens et
filigrane. Paris: Présence Africaine,
1987.
Théâtre:
·
Les dieux malgaches. Gap: Ophrys, 1947.
·
Agape des dieux
Tritiva: Une tragédie. Paris: Présence
Africaine, 1962.
·
Les boutriers de
l'aurore. Paris: Présence Africaine, 1957.
TEXTE D'ILLUSTRATION: ANTSA
Ile !
Ile aux syllabes
de flammes !
Jamais ton nom
Ne fut plus cher à mon âme !
Ile,
Ne fut plus
doux à mon cœur !
Ile aux
syllabes de flamme,
Madagascar !
Quelle
résonnance !
Les mots
fondent dans
ma bouche :
Le miel des
claires saisons
Dans le
mystère de tes sylves,
Madagascar !
Je mords la
chair vierge et rouge
Avec l’âpre
ferveur
Du mourant aux
dents de lumière
Madagascar !
Un viatique
d’innocence
dans mes
entrailles d’affamé,
Je
m’allongerai sur ton sein avec la fouge
du plus ardent
de tes amants,
du plus fidèle,
Madagascar !
Qu’importent
le hululement des chouettes
le vol rasant
et bas
des hiboux
apeurés sous le faîtage
de la maison
incendiée !oh, les renards,
qu’ils lèchent
leur peau puante du
sang des poussins,
du sang auréolé des flamants-roses !
Nous autres,
les hallucinés de l’azur,
nous
scrutons éperdument tout l’infini de
bleu de la nue,
Madagascar !
Antsa, 1956, Présence Africaine
Consignes :
1.
Quels
sont les différents mouvements de ce poème ?
2.
Quels
sentiments éprouve-t-il pour Madagascar ?
3.
A
quoi est comparé Madagascar dans la quatrième strophe ?
4.
Relevez,
dans l’ensemble du poème, les mots et les expressions qui évoquent la
servitude, le malheur, la mort.
Ecriture : Comment voyez-vous
votre pays natal ? Concevez-vous de le quitter un jour pour vivre sur un
autre continent ?
Éléments de compréhension du texte: Antsa
I.
Situation/
Introduction :
Antsa est un
extrait de « Antsa ». Tout le recueil est consacré au pays du poète, Madagascar. On voit le
nationalisme de J. Rabemanajara.
Ici, la description
de la beauté du pays natal, il ressort l’oppression d’un peuple colonisé et
surtout l’amour du poète pour son peuple. Et la prédiction de la victoire, de
l’indépendance.
II.
Structure :
Ce texte s’articule
autour de 2 mouvements :
1 er mouvement :
« Ile……..du peuple fidèle Madagascar » : Le poète et son pays
natal
2 ème
mouvement : « Qu’importe….Madagascar » L’espoir et la volonté de
lutte.
III.
Réponse aux
consignes :
IV.
Commentaire /
Synthèse :
- Le poète et
son pays : liaison sentimentale :
v Le sémantisme de l’amour :
-
Flamme douce sein
-
Cher cœur amants
-
Ame bouche(les mots) ardents
v Les métaphores sentimentales :
Miel délice
Chair vierge pureté, innocence, chasteté
Les flamants roses beauté et candeur
Dents de lumière défense + savoir= engagement poétique.
Claires saisons moment agréable- longue l’orgueil amoureux.
Partant de la
métaphore féminine, le poète montre son attachement à la mère patrie. Conforté
par le « Je » du poète et
le « Tu » de
l’amante(Patrie).
- L’engagement
du poète :
v Le lyrisme social :
Le « Je » lutte pour un « Tu » qui est la patrie.
-La 1 ère personne du pluriel
« Nous autres » les poètes, ceux qui luttent.
-Hallucinés écrivains
qui croient voir l’avenir.
v L’engagement, la volonté de lutte,
l’espoir :
Le ton, le style l’agressivité verbale
L’exclamation, le rythme rapide, les
vers libres, la recherche de la liberté
Hululements des chouettes rejet de l’occident, de ses
valeurs.
V- Conclusion :
Jacques Rabemanajara est certainement un
poète sentimental, lyrique. Le lyrisme trouve son fondement, puise son
aspiration dans sa fibre patriotique. Le thème
de l’amour qui apparait en surface sert de soubassement au thème de la révolte qui se trouve en
profondeur. Poème écrit en prison, où avait été incarcéré Jacques Rabemananjara
à la suite de la terrible répression qui s’abattit en 1947, les Malgaches
révoltés, et qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts.
« Antsa » désigne un chant élogieux prononcé en présence du
souverain.