vendredi 10 avril 2009

LA NEGRO RENAISSANCE AMERICAINE

L’une des conséquences immédiates de la publication de « Ames Noires » de W E B DUBOIS a été la naissance à Harlem, d’un vaste mouvement social et culturel dans tous les domaines : littérature, théâtre, musique danse etc.
De nombreux jeunes noirs sont ainsi convaincus qu’ils appartiennent à une race qui a ses qualités et ses défauts –comme les autres- et qu’ils sont des êtres humains à part entière.
Sur le plan littéraire, de jeunes intellectuels noirs forment un groupe dénommé Renaissance Nègre ou Renaissance Américaine. Les plus connus sont Claude Mac Kay, Countee Cullen et Langston Hughes.
La Negro Renaissance réclamait pour les noirs les droits civiques comme le droit de vote, le droit à l’instruction etc. et avait pour objectif premiers la lutte contre :
- La discrimination (le racisme, la marginalisation des Noirs, l’aliénation.)
- La revendication de tous les droits particuliers accordés à tout américain de naissance.
- La réhabilitation de l’ensemble des valeurs relatives aux Noirs.
Le manifeste de la Negro Renaissance témoigne que le mouvement est résolument tourné vers l’avenir.
« Nous, créateurs de la nouvelle génération nègre, nous voulons exprimer notre personnalité noire sans honte ni crainte. Si cela plait aux Blancs, nous en sommes fort heureux. Si cela ne leur plait pas, peu importe. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids aussi. Le tam tam pleure et le tam tam rit. Si cela plait aux gens de couleur, nous en sommes fort heureux. Si cela ne leur plait pas peu importe. C’est pour demain que nous construisons nos temples, des temples solides comme nous savons en édifier, et nous nous tenons dressés au sommet de la montagne, libres en nous même. »

mercredi 1 avril 2009

Fiche Technique : « Les Handicaps de la race » William Edward Burghardt Du Bois, 1903

ETUDE DE TEXTE : LES HANDICAPS DE LA RACE

Etre pauvre est dur. Mais être pauvre dans un pays de dollars est vraiment le tréfonds de la dureté. Il ressentit le poids de son ignorance non seulement des lettres, mais aussi de la vie, du travail, des humains.

La nonchalance et la maladresse accumulées au cours des décades et des siècles liaient ses mains. Mais son fardeau n’était pas que de pauvreté et d’ignorance. Le sceau rouge de la bâtardise, que deux siècles de souillures légales et systématiques de la femme noire a imprimé sur la race, sous-entend non seulement la perte de l’ancienne chasteté africaine, mais aussi le poids héréditaire d’une masse corruptrice L’adultère blanc menace presque d’oblitération les foyers noirs.
Un peuple aussi défavorisé ne devrait pas se voir proposer de concourir avec le monde. Au contraire, il faudrait presque lui demander - et lui donner la possibilité – de régler d’abord ses propres problèmes. Mais hélas ! Tandis que les sociologues dénombrent joyeusement ses bâtards et ses prostituées, l’âme même de l’homme noir s’est assombrie par un vaste désespoir. Les hommes nomment cette ombre préjugé, et doctement l’expliquent comme la défense naturelle de la nature contre le barbarisme, de la science contre le l’ignorance, de la pureté contre le crime, des races « supérieures » contre les races « inférieures ».En réponse, les noirs disent « Amen !», et pleurent .Car cet étrange préjugé se présente comme un juste hommage à la civilisation, à la culture, à l’honnêteté et au progrès. Le noir s’incline humblement, obéit et se résigne.

Bien avant toute chose se dresse le désespoir maladif qui doit désarmer et décourager toutes les nations de vouloir sauver le peuple noir. Puis viennent l’irrespect et la moquerie, l’humiliation ridicule et systématique, la déformation des faits et l’exubérante licence de fantaisie, la cynique volonté d’ignorer le meilleur et l’accueil impétueux du pire. C’est alors qu’apparaît le très répandu désir d’inculquer le dédain pour toute chose noire, de TOUSSAINT jusqu’au démon.

Un aussi grand préjugé ne pouvait supporter qu’une interrogation de soi-même, une dépréciation de soi; la répression et l’atmosphère de haine et de mépris ne pouvaient mener qu’à la disparition, à l’anéantissement de tout idéal.

Portés par quatre vents, nous parviennent murmures et présages :

« Regardez ! Nous sommes affaiblis et mourants », crient les gens noirs. « Nous savons écrire, et nos votes sont vains ! Pourquoi apprendre si toujours nous devons faire la cuisine et servir ? »

Et la nation répète et renforce cette autocritique :

« Soyez heureux de pouvoir servir. Ne demandez rien de plus. Quels besoins de cultures pour des demi-hommes ? »

Les votes des Noirs ne comptent point car la force et la fraude priment. Et l’on entrevoit le suicide d’une race.
W.E.B Du BOIS, « Ames Noires »,1903

Questions de Compréhension :

- L’auteur parle des handicaps de la race noire. Enumérez tout ce qui empêchait les noirs américains à avoir une vie normale (Les difficultés).
- Comment les Noirs sont-ils arrivés en Amérique ?
- Comment les Noirs étaient-ils perçus à cette époque ?
- Qu’est ce qui faisait que les Noirs ne pouvaient pas se révolter ?
- Quel est l’intérêt de ce texte ?

I- Aperçu sur l’auteur :

Né en 1868, William E.B. Du BOIS passe sa licence en philosophie. Cela était un événement extraordinaire à l’époque car les Noirs américains ne pouvaient pas librement s’instruire. Les Blancs voulaient les maintenir dans l’ignorance pour mieux les exploiter.
En 1903, il publie un livre intitulé « Ames noires » où il évoque le passé de souffrances des Noirs : l’esclavage, la déshumanisation du Noir, le racisme, le désespoir et la résignation. Cependant Dubois était convaincu que les Noirs américains retrouveraient un jour leur dignité et leur liberté aux Etats-Unis. Il leur fallait pour cela vaincre l’analphabétisme et la misère
Pour Du Bois, il était essentiel de montrer aussi bien au Blancs qu’aux Noirs que l’image négative attachée à l’homme Noir et qui faisait de lui un Sous-homme, un insouciant sans jugement, que cette image était fausse. De lui on retient ce cri de cœur : « Je suis nègre et je me glorifie de ce nom. Je suis fier du sang noir qui coule dans mes veines ».


II- Etude de texte : « Les Handicaps de la race » William E. B. Du Bois, 1903

A- Situation du texte :

Ce texte retrace (montre) les handicaps, les difficultés de la race noire : pauvreté, misère, absence de droit, chômage, ignorance, racisme…

B- Commentaire/ Synthèse :

- Les handicaps de la race : absence d’idéaux, de lutte et de révolte.


- Les préjugés raciaux :
Le monde Blanc caractérisé par : / Le monde Noir caractérisé par :
Nature / Barbarisme
Science / Ignorance
Pureté / Crime
Races « supérieures » / Races « Inférieures »

- La résignation : qui se manifeste par l’acceptation du fait accomplit. Le fatalisme et l’absence d’idéal.

D- Conclusion :

Dubois, dans ce texte dresse un inventaire des préjugés raciaux mais aussi les différents problèmes que les Noirs rencontrent en Amérique. Le plus douloureux problème reste pour Du Bois la passivité des Noirs, leurs résignations qui ferment la porte de la révolte, du changement définitif. C’est une invitation à la lutte pour la liberté et l’émancipation de la race noire.