vendredi 2 mai 2014

Jacques RABEMANANJARA, Poète et homme politique Malgache

Jacques RABEMANANJARA
Né à Maroantsertra, sur la côte orientale de Madagascar, Jacques Rabemananjara fait ses études au séminaire. Installé à Antananarivo, il entre dans l’administration et fonde la Revue des jeunes de Madagascar (en 1935-1936) dont la publication est bientôt interdite par les autorités coloniales. En 1939, il participe à Paris à la commémoration du 150e anniversaire de la Révolution française. Alors que le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le contraint à rester à Paris, il s’inscrit à la Sorbonne et obtient une licence de lettres classiques. Il publie son premier recueil de poésie en France, rencontre le futur président du Sénégal Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop, le fondateur, en 1947, de la revue Présence africaine, à laquelle il collabore toute sa vie.
En 1946, Jacques Rabemananjara participe à la création du Mouvement démocratique pour la rénovation malgache (MDRM), dont il devient le secrétaire. Il est élu député de Madagascar cette même année, mais, en 1947, après l’insurrection malgache, il est suspecté d’en être l’un des instigateurs. Arrêté, torturé, il est condamné aux travaux forcés. Emprisonné à Madagascar puis à Marseille, il est amnistié en 1956, peu avant l’indépendance de l’île en 1960. Pendant sa captivité, il écrit les recueils Ansta (1947), Lamba (1956) et Antidote (1961), qui en font l’un des chantres de la négritude.
Il n’est autorisé à regagner Madagascar qu’en 1960, à la veille de l’indépendance. Considéré comme un héros de la résistance malgache, il est alors élu député, avant de devenir ministre puis vice-président de la République. Après la révolution de 1972, il s’exile à nouveau en France où il choisit de vivre jusqu’ à sa mort. Il ne retourne à Madagascar qu’en 1992
Jacques Rabemananjara est notamment l’auteur de plusieurs recueils de poésie (Sur les marches du soir, 1942 ; les Ordalies, 1972 ; Rien qu’encens et filigrane, 1987), de pièces de théâtre (les Dieux malgaches, 1947 ; les Boutriers de l’aurore, 1957 ; les Agapes des dieux, 1962), d'essais (Nationalisme et problème malgache, 1958) et d’un pamphlet (Thrènes avant l’aurore, 1985). Membre de l’Académie nationale des arts, des lettres et des sciences de Madagascar, il a obtenu en 1988 le Grand Prix de la francophonie.
Œuvres principales:
Poèmes:
·           Sur les marches du soir. Gap: Ophrys, 1940.
·           Rites millénaires. Paris: Seghers, 1955.
·           Antsa. Paris: Présence Africaine, 1956.
·           Lamba. Paris: Présence Africaine, 1956.
·           Antidote. Paris: Présence Africaine, 1961.
·           Les ordalies, sonnets d'outre-temps. Paris: Présence Africaine, 1972.
·           Oeuvres complètes, poésie. Paris: Présence Africaine, 1978.
·           Thrènes d'avant l'aurore: Madagascar. Paris: Présence Africaine, 1985.
·           Rien qu'encens et filigrane. Paris: Présence Africaine, 1987.
Théâtre:
·           Les dieux malgaches. Gap: Ophrys, 1947.
·           Agape des dieux Tritiva: Une tragédie. Paris: Présence Africaine, 1962.

·           Les boutriers de l'aurore. Paris: Présence Africaine, 1957. 

TEXTE D'ILLUSTRATION: ANTSA 

Ile !
Ile aux syllabes de flammes !
Jamais ton nom
Ne  fut plus cher à mon âme !
Ile,
Ne fut plus doux à mon cœur !
Ile aux syllabes de flamme,
Madagascar !


Quelle résonnance !
Les  mots
fondent dans ma bouche :
Le miel des claires saisons
Dans le mystère de tes sylves,
Madagascar !


Je mords la chair vierge et rouge
Avec l’âpre ferveur
Du mourant aux dents de lumière
Madagascar !

Un viatique d’innocence
dans mes entrailles d’affamé,
Je m’allongerai sur ton sein avec la fouge
du plus ardent de tes amants,
du plus fidèle,
Madagascar !


Qu’importent le hululement des chouettes
le vol rasant et bas
des hiboux apeurés sous le faîtage
de la maison incendiée !oh, les renards,
qu’ils lèchent
leur peau puante du sang des poussins, du sang auréolé des flamants-roses !
Nous autres, les hallucinés de l’azur,
nous scrutons  éperdument tout l’infini de bleu de la nue,
Madagascar !


Antsa, 1956, Présence Africaine


Consignes :

1.      Quels sont les différents mouvements de ce poème ?
2.      Quels sentiments éprouve-t-il pour Madagascar ?
3.      A quoi est comparé Madagascar dans la quatrième strophe ?
4.      Relevez, dans l’ensemble du poème, les mots et les expressions qui évoquent la servitude, le malheur, la mort.

Ecriture : Comment voyez-vous votre pays natal ? Concevez-vous de le quitter un jour pour vivre sur un autre continent ?

Éléments de compréhension du texte: Antsa

                    I.            Situation/ Introduction :
Antsa est un extrait de « Antsa ». Tout le recueil est consacré au pays du poète,  Madagascar. On voit le nationalisme de J. Rabemanajara.
Ici, la description de la beauté du pays natal, il ressort l’oppression d’un peuple colonisé et surtout l’amour du poète pour son peuple. Et la prédiction de la victoire, de l’indépendance.

                II.            Structure :
Ce texte s’articule autour de 2 mouvements :
1 er mouvement : « Ile……..du peuple fidèle Madagascar » : Le poète et son pays natal
2 ème mouvement : « Qu’importe….Madagascar » L’espoir et la volonté de lutte.

             III.            Réponse aux consignes :
             IV.            Commentaire / Synthèse :

  1. Le poète et son pays : liaison sentimentale :
Le sémantisme de l’amour :
-          Flamme   douce                    sein
-          Cher         cœur                    amants
-          Ame    bouche(les mots)     ardents
Les métaphores sentimentales :
Miel                          délice
Chair vierge                        pureté, innocence, chasteté
Les flamants roses                        beauté et candeur
Dents de lumière                          défense + savoir= engagement poétique.
Claires saisons                      moment agréable- longue                  l’orgueil amoureux.
Partant de la métaphore féminine, le poète montre son attachement à la mère patrie. Conforté par le « Je » du poète et le « Tu » de l’amante(Patrie).

  1. L’engagement du poète :

Le lyrisme social :
Le « Je » lutte pour un « Tu » qui est la patrie.
-La 1 ère personne du pluriel « Nous autres »                     les poètes, ceux qui luttent.
-Hallucinés                          écrivains qui croient voir l’avenir.
L’engagement, la volonté de lutte, l’espoir :
Le ton, le style                    l’agressivité verbale
L’exclamation, le rythme rapide, les vers libres, la recherche de la liberté
Hululements des chouettes                        rejet de l’occident, de ses valeurs.

V-  Conclusion :
Jacques Rabemanajara est certainement un poète sentimental, lyrique. Le lyrisme trouve son fondement, puise son aspiration dans sa fibre patriotique. Le thème de l’amour qui apparait en surface sert de soubassement au thème de la révolte qui se trouve en profondeur. Poème écrit en prison, où avait été incarcéré Jacques Rabemananjara à la suite de la terrible répression qui s’abattit en 1947, les Malgaches révoltés, et qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts. « Antsa » désigne un chant élogieux prononcé en présence du souverain.

jeudi 24 avril 2014

Hammadoun Ibrahim ISSEBERE, Poète,Militant et Diplomate

I-          Présentation de l’homme :

Hammadoun Ibrahim ISSEBERE est né en 1948 à Assakarba   (cercle de Douentza). De 1954 à 196O, il suit les cours primaires à Douentza avant d’entrer au Collège Moderne de Mopti (actuel Lycée Hammadoun  Dicko de Sévaré) de 1960 à 1964.
Studieux et passionné de lettres, il obtient son baccalauréat au Lycée Askia Mohamed en 1967 ; entre à l’ENSUP et en sort en 1971 diplômé de Lettres modernes.

Il entame alors une carrière d’enseignant d’abord au lycée de Banankoro, à l’Ecole Normale Technique d’Enseignement Féminin puis au lycée de Ségou jusqu’en 1977.
Nommé directeur de l’Institut National des Arts(I.N.A) la même année, il entre en politique et est élu membre du bureau exécutif national des jeunes de l’U.D.P.M.

Représentant des jeunes au sein de la commission d’organisation du premier congrès du parti, ISSEBERE se distingue de part ses idées quelque peu  anti-conformistes, ce qui lui vaut en 1981 le poste de représentant de la jeunesse malienne auprès du  mouvement panafricain de la jeunesse dont le siège se trouvait à Alger.

En Novembre 2000, ISSEBERE est nommé ambassadeur du Mali en Guinée Conakry où il est resté jusqu’au  28 Mai 2007, date de son décès.

Le génie et la capacité à émerveiller d’ISSEBERE se retrouvent dans la chanson de sa fille, Déné ISSEBERE, une figure montante de la musique malienne mais aussi dans l’œuvre littéraire qu’ il à laissé à la postérité.

On peut entre autres citer :
-  Vertiges et Horizons (1973)
- La souche en fleurs (1974)
- Clameurs d’antan et Soleils présents(1976) qui reçu le prix de l’A.C.C.T
- Les boutures du Soleil(1981)

II-     La Poésie d’ibrahim issebere
Avant sa disparition, l’homme travaillait sur un recueil qu’il projetait d’intituler « Les fleurs de fer et les paroles fondamentales ».
Son œuvre est marquée par un profond attachement à son terroir et à ses valeurs ainsi  qu’à un idéal de justice et de fraternité.

Révoltée  et souvent révolutionnaire, ses textes  simples mais incisifs  sont  faits d’images sacrées, de rythmes irréguliers et de mots incandescents propres au poètes de la période de la Négritudes et des premières heures des indépendances (par exemple La Culbute, Deuil, Solitude ou Tu es parti)

« La poésie d’Issébéré a des relents négritudiens » écrivait le Pr Abdoulaye (Konaté) Keita en guise de commentaire de l’œuvre publiée en 1981.

            Poésie véritablement engagée, l’écriture d’Issébéré  est une tentative de reconstruction du monde, d’une manière globale, mais spécifiquement de l’Afrique.

Le style vindicatif est la marque de cette volonté de redonner à ce monde la joie et ses valeurs.
Texte d’étude : la culbute

Cent vierges candides
Connurent la couche visqueuse du bida de Ouagadou
Macabre volupté !
La forêt sacrée  de Koumbi
Connut les fastes lendemains des Soninkés !
Mais vint le jour funeste !
Et la jalouse témérité du fiancé ulcéré
Faibles les sept tête du python !
Alors s’élevèrent les aubes
Des futures générations damnées.
Depuis la nuit cohabita
Avec les descendants des Tounk (ra)
Je dis la mort les trouva absents
Dans les plaines nostalgiques et dénudées
Du bullet des fleurs
Sous la suave étreinte des rosées matinales.

Les Boutures du soleil

Ce poème est tiré du recueil « Les Boutures du soleil »publié en 1981 par le malien Hamadoun Ibrahima Issébré, né en 1948.
            Le recueil, consacré largement au Mali et à l’Afrique, évoque en particulier l’appréhension du poète face à un continent qui va à la dérive.
            Ce poème peut être analysé sous deux axes :
-         C’est d’abord une page d’histoire et de mythologie
-         Ensuite, un lyrisme (poétique).

La culbute—>chute, tomber à la renverse
                      —>Déclin de l’empire du serpent.

1.  Une page d’histoire 

Bases temporelle—> passé simple (temps du récit)
-         Faits historiques—>le mythe du serpent
-         Personnages historiques—> Tounkara, Bida, Soninké
-         Lieux sacrés (forêt, Ouagadou)
Histoire fabuleuse, merveilleuse
Poésie épique.

2.  Lyrisme poétique
« Je dis» —>première personne du singulier—>l’expression du poète.
Un champ lexical de l’amour—>fiancé, jalousie, nostalgie
                                                           Vierges candides, rosées matinales, fleurs
On remarque la présence de certaines expressions qui expriment la tyrannie des traditions —>Macabre, funeste, malédiction, visqueuses
Manicheisme de l’amour : Destin individuel—>Destin collectif

3.  Conclusion :

Poésie épique et mythologique où la force de l’amour bouscule le pouvoir des traditions.

Références bibliographiques:

- El Boukhari Ben Essayouti, Cours de français, 12 ème Langues et Litterature(LLT), LMAHT 1998- 1999

- Bocar BABATY, Cours de français, Terminales Arts Lettres(TAL), LMAHT, 2013- 2014

mardi 22 avril 2014

La Technique du commentaire composé de texte_Niveau Sécondaire_Lycée

Bientôt les examens de fin d'année, il est nécessaire que les apprenants puissent réviser les méthodes en littérature. Parmi ces méthodes, nous nous pencherons sur le commentaire composé de texte.

Technique du commentaire composé de texte :

1. Définition : Le commentaire composé est un exercice littéraire indépendant. Il ne doit pas être une explication linéaire du texte mais une reconstitution du texte. Il s’agit d’une explication de texte choisi en raison de sa qualité littéraire. Le candidat est invité à rendre compte de la richesse du texte tant au plan thématique qu’au plan formel, à montrer le dynamisme créateur de l’auteur.
Tout bon commentaire doit suivre le plan suivant : Introduction-Développement- Conclusion

2Méthodologie :

§ L’introduction :
Elle remplit trois fonctions : 
Situer le texte : préciser le type de texte, le titre de l’œuvre, le genre auquel il appartient, le nom de l’auteur, le courant littéraire auquel il se rattache. Si le texte s’inscrit dans une continuité, rappeler brièvement ce qui précède et qui est nécessaire à sa compréhension. 
Dégager l’idée générale ; 
Annoncer le plan : il s’agit de préciser la chronologie du développement
- donner les titres des centres d’intérêt dans l’ordre dans lequel on choisira de les étudier.

§ Le développement :
- explication synthétique du texte, centre d’intérêt après centre d’intérêt ;
- les différentes remarques sur le texte sont regroupées en fonction de leurs affinités et traitées ensemble ;
- la chronologie de l’explication est logique ;
- après l’exploitation de chaque centre d’intérêt dans sa double dimension thématique et formelle, rédiger une conclusion partielle puis une transition pour aborder la partie suivante.
NB :
- Ne jamais dissocier l’étude du fond (thématique) de l’étude de la forme (formelle). Il importe de révéler les relations qu’ils entretiennent.
- Les différentes remarques sur le texte doivent être étayées par la citation de mots,
d’expressions ou des phrases du texte.

§ La conclusion :
Elle rappelle les impressions dominantes du commentaire, dégage l’intérêt thématique du texte étudié et ouvre des perspectives.

En d’autres termes, elle est à la fois un bilan et une ouverture ou élargissement.
-         Le bilan est un résumé général des réponses qui ont été apportées au niveau du développement. Ce bilan est obligatoire.
-         L’ouverture ou élargissement consiste à faire une faille (ouverture) sur d’autres textes du même auteur ou d’autres auteurs ; elle est facultative.

Que faire devant un texte à commenter ?

Il faut bien lire, relire et noter les idées importantes du texte dans l’intention de dégager les thèmes ou centres d’intérêt ou axes de lecture. Il est inutile de plaquer sur le texte toutes les connaissances que l’on peut avoir sur l’auteur, son époque, le courant littéraire. Un commentaire n’est pas un exercice de mémoire ; c’est un travail d’intelligence qui consiste à lire le texte en profondeur pour en tirer la substantifique moelle (quintessence)- essence.

Synthèse du cours:
- Bocar BABATY, Cours de français, niveau 11 ème Lettres, 2013-2014